Lettre ouverte à Monsieur Le Président de la République 

Depuis plusieurs mois en France, les infections invasives à méningocoques sont en forte augmentation. Ces infections aux conséquences dramatiques causent la mort d’1 personne sur 10 et provoquent de lourdes séquelles chez 1 survivant sur 5 (amputation, surdité, troubles cognitifs ou anxiété). La majorité des cas (environ 60%) apparaît chez des individus en bonne santé sans facteurs de risques identifiables. Chez certains sujets, l’état critique et le décès peuvent survenir seulement 24 heures après l’apparition des premiers symptômes, ces derniers étant difficiles à diagnostiquer et pouvant retarder la prise en charge.

Augmentation des cas et risques associés

Dans un communiqué du 14 novembre 2023, l’Institut Pasteur précise avoir répertorié 421 cas entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36 % des cas par rapport à 2019, alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu. Les nouveaux cas déclarés sont majoritairement liés aux sérogroupes W et Y, des souches contre lesquelles il n’y a pas de recommandation vaccinale en population générale.

Importance de la vaccination et actions envisagées

Or, la vaccination a permis de démontrer la diminution de la circulation des méningites à méningocoques dans plusieurs pays européens qui ont étendu leur programme de vaccination face à l’évolution de l’épidémiologie (Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Irlande, Islande Pays-Bas, Royaume Uni, Suisse).

Après une saisine de la Direction Générale de la Santé au vu de l’évolution de l’épidémiologie, la Haute Autorité de Santé a annoncé évaluer la nécessité de mettre à jour les recommandations vaccinales contre les infections invasives à méningocoques des sérogroupes ACWY et B pour une publication le cas échéant en mars 2024.

Mobilisation de la société civile : « MéninGO ! »

Face à l’urgence d’agir, nous, acteurs de la société civile en santé, nous nous mobilisons au sein de « MéninGO ! ». Cette coalition réunit des acteurs de santé engagés pour faire de la lutte contre les infections invasives à méningocoques une priorité de santé publique.

« MéninGO ! » associe des survivants, associations de patients, pédiatres, infectiologues, masseurs-kinésithérapeutes, chercheurs, parlementaires, prestataires de santé à domicile et entreprises de santé ; tous réunis autour d’une même cause.

Nous savons l’engagement de votre Gouvernement pour renforcer la politique de prévention dans notre pays. En lien avec la feuille de route de l’OMS qui aspire à vaincre la méningite à l’échelle mondiale d’ici 2030, nous attendons des pouvoirs publics une réponse à la hauteur des risques qui pèsent pour toutes les catégories d’âge de la population face aux infections invasives à méningocoques.

Cette augmentation des cas pourrait s’amplifier dans les mois à venir avec l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, les grands rassemblements étant propices aux contaminations de manière générale et à la propagation des infections invasives à méningocoques en particulier.

Chaque cas est un cas de trop ! Face à ces enjeux, nous, « membres de MéninGO ! », sollicitons de votre bienveillance un rendez-vous afin d’échanger autour des actions qui permettront de renforcer la sensibilisation et la prévention vaccinale face à cette urgence de santé publique.

Signataires

Pr Romain Basmaci*, pédiatre à l’hôpital Louis-Mourier (Colombes, AP-HP), Claire Bernier*, masseuse-kinésithérapeute et coordinatrice de la Communauté professionnelle territoriale de santé Val de Suippe ; Sophie Boulard, mère d’un enfant atteint d’une infection invasive à méningocoque ; Pr Robert Cohen*, vice-président de la Société Française de Pédiatrie ; Jessica Desbenoît*, victime d’une infection invasive à méningocoque ; Pr Joël Gaudelus, ancien chef de service hospitalier Pédiatrie à l’Hôpital Jean Verdier (Bondy) Dr Hervé Haas, chef de Service de Pédiatrie – Néonatologie du CH Princesse Grace de Monaco ; Annie Hamel, secrétaire de l’association Petit Ange-Ensemble Contre La Méningite ; Dr Isabelle Hau, pédiatre au CHI de Créteil ; Alicia Hirlay*, victime d’une infection invasive à méningocoque ; Cyrille Isaac-Sibille*, député du Rhône et secrétaire de la Commission des Affaires Sociales ; Pr Odile Launay, cheffe du service des Maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Cochin AP-HP ; Annick Lavalou-Cuer, mère d’une fille atteinte d’une infection invasives à méningocoque ; Pr Paul Loubet, chef du services des Maladies Infectieuses du CHU de Nîmes ; Olivier Mariotte, président de nile ; Patricia Merhant-Sorel, présidente de l’association Petit Ange – Ensemble Contre La Méningite ; Wilfried Minaut*, prestataire de santé à domicile ; Elena Moya, coordinatrice Europe de la Confederation of Meningitis Organisations (COMO) ;  Dr Anne-Sophie Ronnaux-Baron*, responsable de la veille sanitaire à l’ARS Auvergne Rhône-Alpes ; Eric Salat*, patient-enseignant à l’Université des Patients – Fondation Sorbonne Université ; Pr Muhamed-Kheir Taha, directeur du Centre National de Référence des Méningocoques et Haemophilus influenzae à l’Institut Pasteur ; Jimmy Voisine, président de l’association Méningites France – Association Audrey ; Pr Catherine Weil-Olivier, professeure honoraire de pédiatrie ; Dr Andreas Werner, président de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire.

Article publié dans la revue L’Express 19 février 2024

Les partenaires : Sanofi, entreprise pharmaceutique ; Vaccination et Lien Social, think tank visant à informer sur l’intérêt de la vaccination.

@PediatresAfpa