Vaccination antigrippale pédiatrique : oui au vaccin par voie nasale
Publié le 15.04.2025
Un avis de la Commission de Transparence (CT) risque à nouveau de priver les enfants et adolescents français d’un vaccin nasal pour la saison 2025-2026
Un collectif de 20 sociétés pédiatriques et de 91 associations de patients exprime sa vive préoccupation face à l’avis rendu par la CT le 26 mars 2025 concernant le vaccin grippal nasal, trivalent, vivant atténué.
La CT a rendu « un avis favorable au remboursement dans la prévention de la grippe saisonnière chez les enfants et adolescents avec et sans comorbidités âgés de 2 à 17 ans révolus ». En même temps elle conclut que « le vaccin n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu par rapport aux autres vaccins recommandés dans la prévention de la grippe saisonnière chez les enfants et adolescents avec et sans comorbidités âgés de 2 à 17 ans révolus, selon les recommandations en vigueur de la HAS».
Cet avis soulève l’incompréhension des scientifiques et des patients car :
la HAS recommande dans son avis du 12 décembre 2024 que la forme nasale du vaccin grippal trivalent, vivant atténué, nasal soit utilisée préférentiellement pour la vaccination antigrippale des enfants à partir de 2 ans, compte tenu de sa meilleure acceptabilité chez l’enfant du fait de la non-utilisation d’aiguille.
Les praticiens et les patients demandent
qu’au minimum une amélioration mineure du service médical rendu dans la stratégie vaccinale contre la grippe saisonnière des enfants et adolescents de 2-17 ans révolus soit reconnue et prise en compte par les autorités compétentes dans les étapes ultérieures pour assurer la mise à disposition du vaccin nasal trivalent malgré cet avis de la CT dans l’intérêt des enfants et adolescents.
« A la suite de l’avis de la CT du 24 mai 2023, où une ASMR V avait été rendue pour le vaccin nasal, nous n’avons, à notre grand regret et contrairement à beaucoup de nos voisins européens, pas vu apparaître ce vaccin sur le marché français. Ceci a été préjudiciable, vu la sévérité de l’épidémie grippale sur la saison 2024/2025, très largement supérieure aux trois années précédentes selon les données épidémiologiques de Santé Publique France. Nous craignons que cette situation ne se répète en cas d’absence du vaccin nasal trivalent à la suite de l’avis du 26 mars 2025. »,
Andreas Werner, Pédiatre, Président de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire
Françoise Pariente Ichou, Responsable scientifique, Gregory Pariente Foundation
Pour comprendre : les éléments de l’avis de la CT du 26 mars 2025
Concernant le progrès apporté par la spécialité, la CT le qualifie de :
- Pas de progrès thérapeutique dans la stratégie de prise en charge.
Pourtant elle reconnait dans cet avis concernant cette spécialité :
- que son efficacité vaccinale et sa supériorité est démontrée par rapport aux vaccins injectables,
- que son acceptabilité est meilleure chez l’enfant du fait de la non-utilisation d’aiguille,
- son probable impact positif sur la couverture vaccinale, confirmé en Finlande et aux UK,
- qu’il n’y a pas d’impact en termes de réduction de l’incidence des otites moyennes aiguës, des pneumonies, des hospitalisations et de la mortalité et sans preuve clinique suffisante, malgré des études en faveur en se basant principalement sur des études du vaccin tétravalent en évaluant pourtant le vaccin trivalent et
- un risque potentiel de transmission du virus vaccinal de la grippe, avec un pic d’incidence de présence du virus vaccinal 2 à 3 jours après la vaccination selon les études cliniques alors qu’il n’a été constaté que dans une seule étude dans un seul pays. Ce risque semble très improbable, car déjà présent avant la vaccination dans la population de l’étude et plus jamais constaté en surveillance post-AMM avec plus de 199 millions de doses administrées.
- doit donc être utilisé dans la stratégie vaccinale d’une manière préférentielle par rapport aux autres spécialitésselon son AMM et selon les recommandations vaccinales en vigueur (avis de la HAS du 12 décembre 2024) pour la prévention de la grippe saisonnière chez les enfants avec et sans comorbidités âgés de 2 à 17 ans révolus,
- est en outre susceptible d’avoir un impact supplémentaire sur la santé publique.
(les références bibliographiques sont indiquées dans le communiqué , en téléchargement)
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