Le sang est le liquide vital qui caractérise l'humain par rapport au divin. Nous allons en dérouler sa symbolique qui repose sur l'ambivalence des images de vie et de mort qui lui sont associées, car ce liquide a été affublé de vertus comme de propriétés maléfiques au cours de l'histoire. li n'est donc pas surprenant que Socrate avant de boire la ciguë se demande dans le Phédon (96 b) si« c'est le sang qui fait que nous pensons»: Tὸ aἷµ6 ἐanv ᾧ cppovoῦµEV, car la vie et la mort sont définies couramment par la présence du sang respectivement à l'intérieur et à l'extérieur du corps.

Le sang a ainsi une composante religieuse par le sang qui coule de la bête sacrifiée ou par la pollution qu'il provoque. li a une composante sociale, car il assure la transmission, la descendance et la filiation; il est aussi une composante du crime et de la justice, qu'il s'agisse du sang que l'on verse contre les siens ou que l'on offre en martyre. Il a une composante politique, celle des conflits et de la lutte pour le pouvoir. Sang versé, sang offert, impur et pourtant porteur de vie, synonyme de mort, sa symbolique est aussi une histoire du sensible par la perception de son odeur ou de sa couleur, rouge, noire, pourpre, par son rejet ou son attrait, par les émotions qu'il permet de révéler. Comme le souligne G. Bachelard dans L'eau et les rêves,« il y a une poétique du sang, c'est une poétique du drame et de la douleur, car le sang n'est jamais heureux».

Quelques locutions sur le sang

Nombre de locutions courantes illustrent ces diverses facettes: avoir le sang chaud ou du sang de navet; agir de sang-froid; se ronger les sangs, se faire un sang d'encre, avoir du sang sur les mains. La noblesse au sang bleu est fière de verser son sang, car bon sang ne saurait ni mentir ni faillir, pas plus que la voix du sang trahir. Pur-sang n'est pas sang­ mêlé, le droit du sang appelle l'impôt du sang, bon sang de bon soir!

Nous retrouvons les mêmes concepts en allemand, comme Menschliches Blut hat übera/1 dieselbe Farbe; Fleisch und Blut; blaues Blut in den Adem haben; quand priment les liens familiaux, Blut ist dicker ais Wasser; pour la jeunesse, Junges Blut

hat Frevelmut; Junges Blut hegt Wankelmut. Le préfixe ge- permet de former das Geblüt, qui renvoie au lignage: die Tugend adelt m

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