Environnement et éthique. Que dire, que faire ? Le point de vue du pédiatre
Le Pédiatre n°317 juillet-août 2023
Publié le 29.08.2023
par Jean-Christophe Requillart, Christine Magendie, Claude Valentin
Vouloir associer éthique et environnement peut apparaître comme une alliance composite. Le premier terme se réfère à une science, l’éthique étant par essence une recherche du bien. Le second terme désigne un ensemble de connaissances, selon le dictionnaire de l’académie française (DAF) : « 1.Ce qui entoure de tous côtés. 2. Ensemble des agents chimiques, physiques, biologiques, et des facteurs sociaux exerçant, à un moment donné, une influence sur les êtres vivants et les activités humaines ». L’environnement n'étant pas une science – mais un ensemble de connaissances - nous allons démontrer qu’il est perméable à l’éthique définie comme science de la morale.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » écrivait notre confrère Rabelais (1483 ou 1494-1553) lors d'une longue lettre édifiante que Gargantua adressait à son fils Pantagruel dans « La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel ».
« Science sans conscience » ne pose pas de problème particulier concernant l’éthique, tant elle se réfère précisément à la conscience. Il en est différemment du terme « environnement » qui n’est ni intrinsèquement une science, ni une valeur éthique.
Cependant, ce que Rabelais appelle science correspond au XVe siècle à « une Connoissance certaine & évidente des choses par leurs causes. Science infuse, science acquise, un ensemble de connaissance » mais aussi « La connoissance de toutes les choses dans lesquelles on est bien instruit. La science du monde. la science de la Cour. La science du salut » (DAF). C’est toute la différence entre savoir et connaissance qui apparaît. La première désigne une érudition, la seconde un discernement. On parlera de l’arbre de la connaissance dans la Bible, et non de l’arbre du savoir, ce qui sous-entend l’art de discerner le bien du mal La question ne sera donc pas de savoir si l’environnement est une science, mais de le reconnaître comme une connaissance qui touche le vivant, pour laquelle on doit être instruit et en retour l’exercer avec discernement, deux principes naturellement inhérents à l’éthique.
Et en cela, la devise de Rabelais tient toute sa pertinence. Agir sans conscience, c’est-à-dire sans éthique, ne peut conduire en matière d’environnement qu’à une impasse, que l’auteur de Gargantua énoncera en termes poétiques par « ruine de l’âme ».
Ce faisant cet article est un écrit éthique, donc ni moral, ni accusateur, mais un engagement tou
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