Trente-cinq ans après son lancement, l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite n’a toujours pas atteint son but, originellement fixé à l’an 2000. Non seulement le virus sauvage de type 1 de la poliomyélite est toujours endémique dans deux pays, mais une nouvelle épidémie due à des virus dérivés du virus vivant atténué utilisé pour le vaccin oral se propage depuis 2016. Les Journées nationales de vaccination (JNV), au cours desquelles des équipes passent au porte-à-porte et attirent à grand bruit des enfants pour les vacciner ont suscité de violentes oppositions particulièrement dans le nord du Nigéria et dans la zone Inde, Pakistan, Afghanistan.




Thirty-five years after its launch, the Global Polio Eradication Initiative has still not reached its goal, originally set for the year 2000. Not only is wild poliovirus type 1 still endemic in two countries, but a new epidemic caused by viruses derived from the live attenuated virus used for the oral vaccine has been spreading since 2016. The National Immunisation Days (NIDs), during which teams go door-to-door and loudly attract children to be vaccinated, have provoked violent opposition, particularly in northern Nigeria and in the India, Pakistan and Afghanistan region.




Bien avant l’existence des réseaux sociaux, la même rumeur s’est développée dans ces deux régions du monde très éloignées selon laquelle le vaccin contiendrait des produits stérilisants, pour limiter la population musulmane. Les organisateurs de la campagne ont multiplié en vain les JNV pensant finir par venir à bout des résistances, mais celles-ci ont laissé des poches de population insuffisamment vaccinée, ce qui a permis au virus sauvage de demeurer endémique et à la nouvelle épidémie de virus dérivés du vaccin de progresser.

Ceci amène à se poser la question de ce que la campagne serait devenue si ses organisateurs avaient pris le temps de la réflexion et réorienté leur stratégie pour s’appuyer sur la vaccination de routine du Programme Élargi de Vaccination qui ne suscite pas de telles oppositions. Cela rappelle aussi, s’il en était besoin, que les rumeurs existaient et ont représenté, parfois, des obstacles considérables à la mise en œuvre de campagnes de santé publique, particulièrement dans le domaine de la vaccination, avant qu’internet ne prenne la place qui est la sienne dans la diffusion des informations.

@PediatresAfpa