Table ronde maltraitance de l'enfant et de l'adolescent congrès AFPA Montréal septembre 2022

Jean-Yves Frappier, MD, FRCPC, MSc, professeur titulaire de pédiatrie, Université de Montréal, chef de service de pédiatrie générale, CHU Sainte-Justine Co-responsable du programme de prévention du TC-ME et de la maltraitance infantile

Au Québec, en 2002, un programme de prévention du syndrome du bébé secoué a vu le jour. Au CHU Sainte-Justine, sous l’impulsion de Mme Sylvie Fortin, infirmière clinicienne qui travaillait au sein de l’équipe médicale du CHU Sainte-Justine, dans les bureaux de la protection de la jeunesse de Montréal et qui avait connu 3 bébés victimes, ce programme s’est développé progressivement avec revue et analyse de la littérature, consultation d’experts, assistance à des congrès nord-américains sur le thème, développement d’un cadre théorique et projets pilote. Un comité de coordination du projet a été mis sur pieds avec Mme Sylvie Fortin, Mme Lyne Déziel, gestionnaire clinico-administrative et Dr Jean-Yves Frappier, pédiatre.

Dans cet article, on aborde donc le sujet de la prévention du Traumatisme Crânien lié à la Maltraitance des Enfants (TC-ME), une expression maintenant acceptée et plus pertinente que celle du syndrome du bébé secoué (1, 2, 3); on présente aussi les fondements du programme québécois ainsi que les interventions proposées, non seulement pour la prévention du TC-ME, mais de la maltraitance infantile en général. On peut d’abord se demander pourquoi prévenir la maltraitance des enfants et surtout les traumas crâniens liés à la maltraitance des enfants. Évident, penserez-vous, mais tout de même intéressant de s’y attarder et de saisir certains enjeux.

Pourquoi prévenir?

D’abord, les TC-ME sont nombreux. Aux États-Unis, comme dans d’autres études ailleurs, on note une incidence de TC-ME de 16 à 33 cas par 100 000 enfants de moins de deux ans (4,5). Une étude en France, de 2015 à 2017, estime le nombre à 22/100 000 bébés de moins d’un an (6). Ces bébés constituent 53 % des décès secondaires à un traumatisme crânien et le TC-ME est la cause principale des traumas crâniens avant deux ans (4,7). Les personnes de tout niveau socio-économique sont susceptibles de secouer un bébé (8). Le pic d’hospitalisation correspond environ au pic des pleurs du bébé, ce qui n’en fait pas d’emblée un lien causal, mais sans doute un déclencheur (9-13).

D’autres facteurs de risque sont

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