Dans les Hauts de France, Pédiatres du Monde intervient dans les bidonvilles habités par des personnes de culture Rrom depuis plus de dix ans.

Nous avons toujours été frappés par la méfiance vis-à-vis des vaccinations et la difficulté du suivi médical des enfants dans cette population (essentiellement d’origine roumaine).

Aussi, nous avons demandé à Julien Châtelain, chef de service à la Direction Tsiganes Voyageurs (service santaire et social de la Sauvegarde du Nord) de nous apporter des pistes de compréhension.

Un peu d’histoire

Le peuple Rrom, originaire de l’Inde a commencé sa migration vers l’ouest vers le 10ème ou 11ème siècle. Une partie de cette population s’est fixée en Europe de l’Est, notamment en Roumanie où elle a été réduite en esclavage pendant 5 siècles (jusqu’en 1856).

Les Rroms ont ensuite été victimes d’un génocide pendant la deuxième guerre mondiale et dans les camps nazis, ils ont subi les expériences « médicales » du docteur Mengele, ce qui a entraîné une défiance vis-à-vis du corps médical qui persiste dans leur inconscient collectif. En France, ils ont également été victimes de ségrégation et leurs mouvements ont été contrôlés jusqu’en 1969, ce qui n’a pas renforcé leur confiance dans l’autorité.

La santé n’est pas toujours une priorité pour les Rroms

L’habitat insalubre, les démantèlements de bidonvilles à répétition, la pauvreté font que la santé n’est pas pour eux une priorité. Elle ne devient un problème qu’en cas de pathologie avérée. L’accès aux soins est par ailleurs compliqué par la nécessité d’obtenir l’AME (Aide Médicale d’État), qu’ils peuvent demander après trois mois de présence en France et qu’il faut renouveler chaque année.

Des particularités culturelles

Certaines particularités culturelles doivent également être prises en compte.

Chez les Rroms, les enfants sont élevés sans contrainte, ce qui va entraîner des difficultés dans leur capacité à respecter nos règles. Il n’y a pas de culture écrite, leur rapport au temps est différent … Ils vivent dans le présent, et un rendez-vous important prévu de longue date peut ne pas être honoré si un autre événement vient modifier leurs projets… De même, un traitement doit être efficace immédiatement ce qui rend abstraites les notions de prévention et de suivi. L’esprit de clan prédomine et sera toujours plus important que l’avis des professionnels.

Leur grande mobilité (accentuée par les démantèlements de bidonvilles à répétition) rend le suivi

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