Quel est votre diagnostic ?

Ce n’est pas une urticaire, éruption cutanée caractérisée par la présence de plaques (ou papules) rouges ou rosées, superficielles, arrondies ou irrégulières, bien limitées et en relief. Les lésions sont mobiles, fugaces, de distribution variable.

L’éruption début rapidement après un contact suspect (aliment, médicament). Les lésions évoluent rapidement et sont variables dans le temps.

Ce sont des piqûres de moustique

Les enfants sont très sensibles aux piqûres de moustique et les réactions sont souvent plus importantes que chez l’adulte, notamment quand il existe un terrain atopique.

Les moustiques

Le moustique commun pique le soir et la nuit, le moustique tigre jour et nuit.

Les moustiques sont attirés par les odeurs de sueur, l’émission de CO2 de la peau, la flore microbienne et les vêtements de couleur foncée.

Pour absorber le sang qu’il veut ingurgiter, le moustique a besoin d’une substance anticoagulante qui se trouve dans sa salive. En même temps qu’il pique, il injecte donc de la salive dans la peau.

C’est cette salive qui peut provoquer

une réaction immédiate (réaction mastocytaire et libération d’histamine)

parfois une réaction retardée (hypersensibilité retardée bénigne) avec 24 heures plus tard, des papules érythémateuses fermes, prurigineuses avec parfois même des vésicules voire des bulles.

Au fil du temps, les réactions deviennent de moins en moins importantes.

Les piqûres de moustiques

La réaction à la piqûre est toujours uniquement LOCALE. Il s’agit d’une réaction allergique liée aux polypeptides allergènes présents dans la salive des moustiques.

  • Il n’y a aucun risque de choc anaphylactique.
  • Il n’y a aucun lien avec les allergies aux hyménoptères (guêpes, abeilles…)
  • Le bilan allergologique est INUTILE.
  • Aucune désensibilisation n’est à envisager

Diagnostic différentiel

Le principal diagnostic différentiel est la dermo-hypodermite mais la présence d’un point central correspondant à la piqûre permet de faire le diagnostic.

Complications éventuelles

La surinfection

Le risque de surinfection (staphylocoque, streptocoque A) par grattage est possible. Il est plus fréquent dans les pays chauds, pouvant aller jusqu’à l’ecthyma avec des lésions creusantes.

Le prurigo

Le grattage peut entretenir les lésions et évoluer vers le prurigo avec des lésions excoriées papulo-vésiculeuses voire nodulaires qui perdurent parfois des mois avec le cercle vicieux : piqûre, prurit, prurigo, prurit, prurigo…

Le skeeter syndrome

 Décrit en 1999, il correspond à une réaction locale étendue inflammatoire immédiate et/ou retardée sévère, associée à de la fièvre et parfois des vomissements ou des difficultés respiratoires (asthme, etc…). Dans notre pays les réactions systémiques sévères secondaires à des piqûres de moustiques sont rarissimes.[1]

[1]  Dutau G. L’allergie aux piqûres de moustiques existe-t-elle ? Réalités pédiatriques # 199Février/Mars 2016

Traitement

Le traitement associe le nettoyage à l’eau et au savon, éventuellement un traitement local par dermocorticoïdes  ou un anti-histaminique comme l’Apaisyl® pendant quelques jours. Une bulle sera éventuellement percée.

Les anti-histaminiques par voie générale sont utiles en cas de prurit intense.

Il existe des dispositifs chauffants (Bite Away®, Beurer®, Icare®., Heat it®, etc…) qui pourraient soulager rapidement (< 1 minute) et durablement les démangeaisons.[1] Le choc thermique des mastocytes diminuerait la libération d’histamine et d’autres médiateurs de l’inflammation (in vitro). La douleur thermique ciblée pourrait aussi entraver le signal du prurit jusqu’au cerveau et agirait comme un « contre-stimulus » sur les cellules nerveuses de la peau.

Mesures préventives

Elles sont aussi très importantes

  • Port de vêtements clairs, amples, légers et couvrants (manches et pantalons longs, chaussures fermées) pendant les périodes à risque de la journée.
  • Moustiquairesà mailles étroites aux fenêtres, au-dessus du lit ou du berceau. En l’absence de moustiquaire, éviter de garder les fenêtres ouvertes le soir (a fortiori avec la lumière allumée)
  • Répulsifs cutanés sur les parties du corps dénudées (et au niveau des chevilles, même si chaussettes) : crèmes et lotions à préférer aux sprays (risque d’inhalation) :

– le DEET (Insect écran®) de 10 à 30 %. La forme à 10% est utilisable dès l’âge de 2 mois.

– L’IR 3535 : 5 sur 5[2] , Apaisyl® répulsif moustiques (à partir de 12 mois)

L’action des répulsifs ne dépasse jamais 8 heures. Ils sont donc à renouveler (notamment après une douche ou une baignade).

Éviter de les appliquer sur une peau lésée ou irritée, près des yeux et de la bouche et sur les mains ou le visage des enfants. Laver la peau le soir avec de l’eau et du savon.

Si une protection solaire est requise, appliquer d’abord la crème solaire puis le répulsif cutané.

  • Insecticides d’intérieur, sprays, diffuseurs électriques, « serpentins fumigènes »…

L’imprégnation des vêtements par un répulsif vestimentaire contenant de la perméthrine (et des pyréthrinoïdes) n’est plus recommandée en raison du risque toxique pour la santé[3] (sauf circonstances particulières).

  • Climatisation et ventilation réduisent les risques de piqûre
  • Suppression des gîtes larvaires (eau stagnante dans les pneus, bâches plastique, pots, sceaux, poubelles, bacs, arrosoirs, brouettes, jeux d’enfants, etc…).

N’ont pas d’intérêt

  • Les huiles essentielles d’eucalyptus citronné moins efficaces et d’une durée d’action limitée (moins de 20 minutes le plus souvent).
  • Les bracelets anti-insectes, lampes LED, appareils à ultrasons, homéopathie, vitamine B1…

Sources

  • Intervention du Dr Nathalie Bodak, dermatologue pédiatrique. Journées de Pédiatrie pratique. Paris. Janvier 2025.
  1. Étude d’application prospective, randomisée et contrôlée par placebo, étude clinique à l’Institut proDERM, 2019.
  2. Efficacité répulsive anti-moustiques jusqu’à 8 heures (1 application/jour pour les moins de 1 an et 2 applications par jour pour les plus d’1 an/ 2 applications par jour pour les moins de 12 ans et 3 applications maximum pour les plus de 12 ans).
  3. Ameli Prévention commune à toutes les maladies transmises par les moustiques. Mars 2025

Ce n’est pas une dermite des prés, réaction cutanée anormale ou exagérée lors de l’exposition au rayonnement solaire, survenant 24 à 48 h après contact avec certaines plantes.

L’éruption est érythématovésiculeuse ou bulleuse, prurigineuse, elle peut reproduire les contours ou les nervures de la plante.

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