Yvan, illustrateur-designer, avait été hospitalisé en 1979 pour une leucémie aigüe lymphoblastique dont il est médicalement guéri. En mars 2020, le confinement lui a rappelé l’isolement qu’il avait vécu à l’hôpital pendant deux mois au début de son traitement. Il peint alors 24 tableaux représentant « Le Voyage du Scaphandrier » qui lui permettent d’exprimer dans un style magnifique son parcours singulier. Très touchée de rencontrer Yvan et de découvrir ses talents de peintre, nous avons pu échanger sur son vécu d’enfant malade, les traces laissées et la réalisation de ses tableaux qui vont faire l’objet d’un livre et d’une exposition au bénéfice des enfants atteints de leucémie.

Comment avez-vous appris à l’âge de 9 ans que vous aviez une leucémie ?

Dans mon souvenir, j’ai commencé par avoir des problèmes aux articulations. Les médecins ont parlé de possible rhumatisme aigu et cela a duré quelque temps. Et puis un jour, je ne pouvais plus bouger et j’ai été hospitalisé pour un bilan à l’Hôpital Debrousse à Lyon, dans le service mère-enfant, où ma mère pouvait rester. Et le résultat du myélogramme a tout fait basculer : j’avais une leucémie, une leucémie aigüe lymphoblastique.

À ce moment-là, j’avais plutôt retenu que j’avais un cancer du sang et que c’était une maladie grave dont on meurt. À l’époque, cancer était un mot très violent pour un enfant. Maintenant on parle de cancer et de guérison mais ce n’était pas le cas en 1979. J’avais compris que je pouvais mourir, mais ce qui m’a fait le plus peur, c’était de voir mes parents, leur sidération : je me disais qu’ils n’allaient pas s’en remettre et que j’en étais responsable.

Quels souvenirs vous a laissé votre hospitalisation ?

Au début, j’étais dans le service mère-enfant où les enfants étaient hospitalisés pour des raisons variées. Mais lorsque j’ai été muté dans le service d’hématologie, j’ai été immergé dans une réalité beaucoup plus violente avec uniquement des enfants atteints de cancer : dans la maladie, on est enfermé, on est seul. Je me souviens très bien des examens et pendant les myélogrammes et les ponctions lombaires (PL), je m’interdisais de pleurer : je ne voulais pas faire de la peine à mes parents. Les myélogrammes étaient l’examen le plus douloureux, surtout au moment de l’aspiration : le médecin est au-dessu

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