Recommandations sanitaires aux voyageurs en 2024

juin 2024 Haut Conseil de la Santé Publique

Vaccinations

Introduction : actualisation des nouvelles compétences des professionnels de santé en termes de prescription et d’administration des vaccins chez les personnes de 11 ans et plus (à l’exception des vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées). 

• Choléra : poursuite de la recrudescence des flambées épidémiques à l’échelle mondiale ; situation sanitaire au niveau de l’archipel des Comores (i.e. Mayotte et Union des Comores) à prendre en compte pour les voyageurs se rendant dans cette région. 

• Covid-19 : recommandations sanitaires pour les voyageurs à consulter sur le site du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, rubrique « Conseils aux voyageurs » ; actualisation de la liste des vaccins Sars-CoV-2 disponibles au printemps 2024. 

• Dengue : à ce jour en France, pas de recommandation de vacciner les voyageurs contre la dengue (le vaccin Qdenga®, qui a obtenu une AMM le 05/12/2022, est en cours d’évaluation par la Haute Autorité en santé et fera l’objet d’un avis du HCSP pour les voyageurs secondairement). 

• Encéphalite à tique : actualisation de la liste des pays considérés comme endémiques pour le virus Tick Borne Encephalitis (TBE), sur tout ou partie du territoire ; schéma vaccinal rapide à 2 doses en cas de départ ne permettant pas de réaliser le schéma de primovaccination complet. 

• Encéphalite japonaise : actualisation de la liste des pays – Asie et Pacifique occidental – à risque de transmission de l’encéphalite japonaise pour lesquels existe une recommandation vaccinale. 

• Fièvre jaune : une précision pour la Tanzanie a été ajoutée dans le tableau 14 de l’annexe 1. 

• Fièvre typhoïde : ajout du vaccin oral vivant atténué Vivotif® ; arrêt de commercialisation en 2024 du vaccin combiné Typhoïde – Hépatite A (Tyavax®). 

• Grippe saisonnière : vaccin vivant atténué intranasal intranasal FluenzTetra® non disponible en 2024 ; arrêt de commercialisation en France du vaccin Efluelda®. 

• Infections invasives à méningocoques : actualisation de l’épidémiologie et des recommandations vaccinales suivant les sérotypes avec prise en compte de risque d’exposition aux méningocoques de sérogroupes ACWY et B. 

• Leptospirose : incidence nettement plus élevée dans les départements et territoires ultramarins qu’en métropole (20 fois en Guyane, 50 fois en Nouvelle Calédonie) ; pas de recommandation vaccinale systématique pour les voyageurs. 

• Mpox (nouveau chapitre) : en cas de voyage à destination de zones où circule le virus, une vaccination en préexposition peut être proposée aux personnes à très haut risque d’exposition, notamment les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) rapportant des partenaires multiples. 

• Poliomyélite : actualisation de la liste des pays où circulent les poliovirus sauvages et les poliovirus dérivés de souches vaccinales) 

• Rage : schéma vaccinal en pré-exposition à 2 doses, uniquement avec le vaccin Rabipur®. 

• Rougeole : du fait des reprises épidémiques de grande ampleur au niveau mondial, européen et français, une attention particulière doit être portée aux sujets devant voyager qui doivent être à jour de leur vaccination. 

• Tuberculose : actualisation de la liste des pays à forte incidence tuberculeuse (i.e. ≥ 40/100 000 habitants/ an) en annexe 2. 

Paludisme, risques liés aux arthropodes et protection personnelle anti- vectorielle 

Situation épidémiologique – Depuis 2015 le nombre de cas de paludismes et les décès qui y sont liés dans le monde ne reculent plus et ont même réaugmenté depuis 2020. La région Afrique de l’OMS est encore la plus durement touchée par la maladie (94 % des cas et 96 % des décès au niveau mondial). 

– En France, le nombre de cas importés en 2023 a augmenté et est estimé à 6200 cas. Les pays à l’origine des contaminations sont toujours très majoritairement situés en Afrique subsaharienne (85 % des cas) et Plasmodium falciparum est impliqué dans près de 88 % des cas. Un des principaux facteurs de risque des formes graves (17,7 % de cas) et de décès (n=19 soit 6,3 pour 1000) du paludisme demeure l’espèce (P. falciparum) et le retard au diagnostic, souvent lié à une prise en soin inadaptée des patients lors d’une première consultation. Il est donc important de prescrire une prévention adaptée, d’insister sur son suivi. 

– Une augmentation du nombre de cas de paludisme à P. vivax est observée en Guyane depuis la fin de l’année 2023, y compris sur des pistes et localités du littoral. La situation était en cours d’amélioration mi-2024 à la suite des actions de contrôle entreprises. Le risque reste faible pour la majorité des voyageurs et ne justifie pas la prescription d’une chimioprophylaxie dans la majorité des cas. La protection personnelle antivectorielle reste par contre de première importance. 

– À Mayotte, aucun cas de paludisme autochtone n’a été observé sur le territoire depuis juillet 2020. Une protection personnelle antivectorielle reste cependant recommandée au regard des autres risques de maladies vectorielles existant sur le territoire. 

• La protection personnelle antivectorielle, reposant sur l’utilisation de répulsifs cutanés et d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide la nuit, reste fortement recommandée pour prévenir le paludisme dans toutes les zones d’endémie. 

• Chimioprophylaxie antipaludique – La chimioprophylaxie antipaludique est toujours indiquée pour les séjours en Afrique sub-Saharienne compte tenu de l’importance du risque, quel que soit le profil des voyageurs. En Asie et Amérique tropicale, la transmission ayant considérablement diminué, il ne reste que peu de situations nécessitant sa prescription avant un voyage touristique ou professionnel dit « conventionnel ». Pour les voyages non conventionnels, les indications reposent sur une analyse de la balance bénéfice-risque tenant compte de la destination, de la durée du séjour, du profil du voyageur et des activités prévues. À cette fin, des recommandations simplifiées sont proposées pour les voyageurs conventionnels (séjours de moins d’un mois dans de bonnes conditions sans nuitée en zone rurale) et des recommandations détaillées par pays restent disponibles pour mieux évaluer les indications et la balance bénéfice/risque pour les autres voyageurs (Tableau 15). Les cartes OMS ont été mises à jour en annexe 4. 

– Une attention particulière doit être portée à la prévention du paludisme d’importation chez les personnes issues de l’immigration retournant au pays pour visiter leurs proches car ce sont elles qui en payent le plus lourd tribut. 

– L’atovaquone-proguanil et la doxycycline sont les antipaludiques à privilégier du fait de leur profil de tolérance. 

– Il est nécessaire de bien informer les voyageurs de l’importance de consulter sans délai en cas de fièvre dans les 3 mois après le retour et de signaler leur séjour en zone d’endémie. 

– Les freins financiers au recours aux mesures de prévention en voyage doivent être abordés en consultation et conduire, si besoin, à une priorisation de certaines comme la chimioprophylaxie à destination de l’Afrique subsaharienne. 

Autres sujets

Diarrhée du voyageur et autres risques liés au péril fécal : l’absence d’indication à un traitement antibiotique préventif ou préemptif de la diarrhée du voyageur est rappelée. Les indications et les modalités de l’antibiothérapie curative présomptive dans les diarrhées du voyageur sont consultables dans le tableau 12. L’azithromycine est le traitement de première intention, en particulier dans les syndromes dysentériques et les diarrhées graves non dysentériques au cours ou au décours d’un séjour en Asie. 

• Traumatismes et accidents : le risque d’accident reste une des premières causes de mortalité en voyage et doit faire l’objet d’une sensibilisation particulière des voyageurs. 

• Risques d’envenimation : le paragraphe sur les risques liés aux morsures et envenimations a été refondé et repris en détail en annexe 7. 

• Risque épidémique : le tableau des maladies d’importation potentiellement graves et à risque épidémique a été intégralement mis à jour (Tableau 16) 

• Risque de mutiliation génitale féminine (MGF) : la liste des pays où les MGF sont encores pratiquées et devant inviter à la vigilance lors du retour au pays d’une jeune fille a été précisée 

• Icthyosarcotoxisme (ciguatera) et consommation de poissons de récifs coralliens : une carte des zones à risque pour la ciguatera est venue compléter ce chapitre apparu en 2023 

• Précautions particulières pour certaines situations personnelles : ce paragraphe permet de mieux appréhender les précautions particulières chez les personnes atteintes d’affections chroniques, les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, et les personnes âgées. 

• Trousse à pharmacie : la composition d’une pharmacie utile est proposée tout en rappelant l’importance de tenir compte des capacités financières de la personne et du risque de mésusage des médicaments. La prescription anticipée d’antibiotiques doit être évitée sauf dans d’exceptionnels cas d’éloignement des structures de santé. Les infections urinaires sont fréquentes chez les femmes, peuvent être prévenues par une bonne hydration et peuvent justifier une prescription anticipée de traitement minute. 


Hcspr20240603 Recommandsanitaireauxvoyageurs