Retour

Ambulatory pediatricians: how to bridge the gaps in diagnosis and care coordination for neurodevelopmental disorders in France

avril 2024

Recherche originale publiée dans la revue Frontiers in Pediatrics PUBLISHED 25 April 2024 DOI 10.3389/fped.2024.1269198
(Traduction de l’abstract)

Pédiatres ambulatoires : comment combler les lacunes en matière de diagnostic et de coordination des soins pour les troubles du développement neurologique en France ?

Introduction et objectifs

L’organisation des parcours de soins pour les troubles neuro-développementaux (TND) repose sur différents niveaux d’expertise en fonction de la complexité de ces troubles. Les TND touchent entre 8% et 15% des enfants. Historiquement, les recommandations nationales et les mesures de planification des soins de santé étaient initialement consacrées aux troubles du spectre autistique et ont été progressivement étendues au trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et aux troubles spécifiques de l’apprentissage et du développement. Les médecins libéraux jouent un rôle croissant dans ces parcours à différents niveaux de soins en raison des difficultés d’organisation, notamment dans le secteur sanitaire et social.
L’objectif de ce travail était d’évaluer la contribution des médecins libéraux de deuxième ligne dans le diagnostic et la prise en charge des enfants atteints de TND.

Méthodes

Une première série d’enquêtes en 2016 a permis d’évaluer le niveau d’engagement des pédiatres de premier recours ; cette enquête nationale en ligne a été reconduite en 2023 auprès de 1430 membres de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) afin d’évaluer leur formation, leur implication actuelle et future et leur activité dans la prise en charge des DDN. L’analyse a été réalisée par l’auteur principal à l’aide du logiciel Epi-Info

Résultats

L’étude a permis d’identifier en 2023 214 médecins libéraux de second recours (14% de l’ensemble des pédiatres en activité), dont 185 ont accepté de figurer dans un annuaire publié la même année par l’AFPA pour faciliter les orientations par d’autres professionnels. Le sex-ratio des répondants est habituel pour les pédiatres : 79,5 %/20,5 % (F/M), la répartition par âge montrant une légère augmentation de la tranche d’âge 51-60 ans (30,5 %).
Nos données indiquent qu’en France en 2022, les médecins privés de seconde ligne ont réalisé 48%-53% des diagnostics de NDD, 24%-26,4% des consultations de suivi et déclarent être à l’origine de 21% des prescriptions initiales de méthylphénidate. Parmi ces médecins de deuxième ligne, 40 % avaient obtenu un diplôme universitaire sur les TND, 74,3 % avaient suivi une formation de perfectionnement professionnel (FPP) et 85,2 % avaient suivi l’un ou l’autre type de formation, ou les deux.
La plupart des médecins ayant participé à l’enquête souhaitaient améliorer leur niveau de pratique, ce qui laisse penser que dans cinq ans, le nombre de médecins privés de deuxième ligne augmentera de 20 % pour atteindre 244, malgré les 24 départs à la retraite prévus au cours de la même période.
Ces données sous-estiment probablement le rôle des médecins libéraux dans le diagnostic, le suivi et la prescription initiale de méthylphénidate, compte tenu de leurs conditions de travail défavorables (pas de compensation financière pour les longues durées d’engagement, difficulté d’accès aux bilans paramédicaux et psychologiques).

Conclusions

Nos données confirment que le diagnostic et la coordination des soins dans les différentes présentations du NDD peuvent s’appuyer sur différents types de pratiques et de spécialisations : professionnels médico-sociaux, professionnels de la santé mentale, mais aussi un nombre croissant de médecins impliqués dans la pédiatrie du développement et du comportement. Ces données et réflexions seront utiles pour l’organisation des soins en France ou dans d’autres pays.
La principale limite de l’étude repose sur l’auto-déclaration de l’implication des médecins dans les DDN et n’a pas pu évaluer l’activité des médecins salariés du secteur social et médico-social, ni s’appuyer sur les bases de données nationales de prescription. Elle reste cependant la première tentative de caractérisation de l’activité médicale au niveau national en France pour les DDN.